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L'émission d'Arte : Le prophète Mahomed et les
femmes?
Elle
reprend pas mal de propos tenus par les uns et les autres sur les droits des
femmes, et sur les apports positifs pour l'époque de l'enseignement et
l'exemple du prophète et sur ce qu'en ont fait les hommes depuis pour les opprimer.
Arte donne la parole à des musulmans qui refusent l'intégrisme
Rien, dans l'histoire de l'islam, ne justifie les dérives misogynes actuelles
des militants intégristes. Telle est la thèse du documentaire Le Prophète
Mahomet et les femmes, de Lila Salmi (Arte, 21 h 30), qui convoque historiens,
exégètes et islamologues. Pour convaincre, la réalisatrice choisit de
raconter la vie de Mahomet à travers les personnalités féminines qui l'ont
marquée.
Au commencement, Mahomet est un simple caravanier, qui vit dans la société
arabe patriarcale du VIIe siècle. Il rencontre Khadidja, une commerçante aisée,
plus âgée et plus expérimentée que lui. Elle l'engage, l'épouse et fait de
lui un homme reconnu. A 40 ans, ce brave mari et père de famille reçoit la
visite de l'archange Gabriel, qui lui présente un verset du Coran. C'est à
Khadidja qu'il confie le récit de cette vision, à elle qu'il transmet la révélation
: le premier musulman est une femme, souligne Lila Salmi.
Après la mort de Khadidja en 719, Mahomet se remarie avec Aïcha, avec laquelle
il partage une passion sensuelle, assurent les historiens, et devient polygame.
Selon l'anthropologue Dounia Bouzar, "le Prophète a beaucoup parlé du
plaisir féminin. Dans les textes sacrés de la Sunna, il est écrit que ce qui
différencie l'homme de l'animal, c'est sa capacité à donner du plaisir à la
femme".
HÉRITAGE ET POLYGAMIE
En replaçant les propos du Prophète dans le contexte de l'époque, les
historiens interrogés affirment qu'il a tenté d'améliorer la condition des
femmes, en leur accordant un droit à l'héritage, en limitant la polygamie à
quatre épouses, en interdisant la pratique courante des meurtres de petites
filles. Pour Youssef
Sedik, philosophe tunisien, traducteur du Coran, le voile n'est jamais présenté
comme une obligation ; l'excision, la circoncision ou la lapidation ne sont que
des traditions locales et non des règles édictées par le Prophète.
Toutefois, reconnaît Dounia
Bouzar, un verset du Coran autorise les maris à battre leurs épouses si
elles n'obéissent pas.
Cette interprétation presque féministe de l'islam s'oppose à celle des extrémistes
d'aujourd'hui. C'est cette régression que combat le journaliste algérien Mohamed
Sifaoui, dont le film Un homme en colère, d'Antoine Vitkine et Fabrice
Gardel (Arte, 20 h 45), dresse le portrait. Moins stimulante que la réflexion
sur les femmes, cette première partie de soirée verse parfois dans
l'hagiographie, à propos de ce journaliste controversé, marqué par les
attentats des années 1990, devenu un croisé de la lutte anti-intégriste. Mais
les deux films ont le mérite de rappeler que l'islam, comme le christianisme ou
le judaïsme, est une réalité plurielle et mouvante.
(
diffusée en août 2007 - analyse publiée dans Le Monde )
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